Pauline Zacharie, armurière hors-norme, femme de l’année en Saône-et-Loire

Armurière à Autun, Pauline Zacharie, seule femme en France titulaire d’un brevet des métiers d’art en Armurerie, est désignée femme de l’année 2023 lors des trophées Talents de Saône-et-Loire.

Aujourd’hui, tout sourit à Pauline Zacharie, propriétaire de l’Armurerie James, véritable institution dans le milieu des armes en France, qui fêtera en 2024 ses 200 ans d’existence. Chevalier de l’Ordre National du Mérite depuis 2019, ambassadrice mondiale d’une grande marque d’armes, la seule femme en France à être titulaire d’un brevet des métiers d’art en Armurerie vient d’être désignée femme de l’année 2023 à l’occasion des trophées Talents de Saône-et-Loire, organisés par le conseil départemental de Saône-et-Loire et le Journal de Saône-et-Loire.
Pourtant rien n’a été simple pour la jeune femme qui a dû jouer des coudes pour occuper la place qui est désormais la sienne. « Les 10 ans que je viens de passer, je ne les referai pas. Quand j’ai repris l’armurerie, personne ne croyait en moi. Certains fournisseurs m’ont tourné le dos. Aujourd’hui, ma fierté c’est d’avoir remboursé le magasin », déclare-t-elle. Des propos qui traduisent à eux seuls la difficulté pour une femme de se faire une place dans ce milieu si particulier, traditionnellement réservé aux hommes.

D’une Première Littéraire à un Bac pro Productique-Mécanique

« J’ai toujours été attirée par les armes. A 15 ans, je faisais du tir sportif et je voulais devenir tireur d’élite. Mes parents m’ont emmené voir un lieutenant-colonel qui m’a déconseillé de faire ce métier car j’étais une femme. Après réflexion, ces propos visaient très certainement à jauger ma motivation… », explique Pauline Zacharie. Et de reprendre : « En seconde générale, je me passionne alors pour l’écriture – exercice qu’elle pratique encore- et rêve alors de devenir écrivain. Je m’oriente naturellement vers une première littéraire ». Un jour, le père de Pauline, jeune fille curieuse de tout, l’emmène aux portes ouvertes de l’école d’armurerie de Saint-Etienne. « C’est le coup de foudre. L’armurerie représentait tout ce que j’aime : discipline, précision et créativité », assure la patronne de l’Armurerie James.
Mais – car il y a toujours un mais – pour intégrer la prestigieuse école, il faut être titulaire d’un bac pro Productique-Mécanique. Bien que déjà inscrite en filière générale, Pauline va se réorienter et suivre, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, cette formation professionnelle. Mais surtout, elle va se donner les moyens de réussir « Je finis alors meilleure élève de Rhône-Alpes », souligne-t-elle. Un succès qui lui ouvre droit les portes de la très sélective l’école stéphanoise. L’établissement n’accepte en effet que 10 élèves pour plus d’une centaine de candidatures. « Là, je passe deux années extraordinaires », témoigne Pauline, qui finira major de promotion, au nez et à la barbe de ses camarades masculins.

60 candidatures… Pas une seule réponse

Malgré cette réussite, l’entrée dans le monde professionnel ne va pas se faire comme espérée pour Pauline Zacharie, qui va encore être obligée de faire ses preuves. « A la sortie de l’école, je vais être la seule à ne pas trouver de travail. J’ai candidaté dans 60 armureries dans toute la France, je n’ai jamais reçu une seule réponse », regrette-t-elle. De guerre lasse et poussée par ses parents, Pauline va travailler chez son maître de stage. Un armurier à la réputation difficile. Elle va alors vivre alors deux années très intense. « Le soir, je dormais avec des atèles tant j’avais mal aux mains et aux bras », se souvient elle.
A l’issue de cette première expérience, elle postule de nouveau dans plusieurs armureries. Cette fois, elle est acceptée partout. Une victoire pour l’armurière qui voulait avoir le choix de travailler là où elle voulait. C’est ainsi qu’elle rejoint le commerce autunois aux côtés de Jean-Claude James, avec qui elle va travailler pendant cinq ans avant que ce dernier ne lui propose de reprendre l’armurerie. « Jamais je n’avais imaginé cela, je ne savais pas encore quelle décision prendre », avoue Pauline Zacharie, qui le soir même de cette proposition donnait naissance à son enfant.

Armurière, chef d’entreprise et créatrice d’œuvres d’art

Aujourd’hui, Pauline est seule maîtresse à bord d’une institution dont la réputation dépasse largement les frontières hexagonales. « On vend des pièces d’exception avec des marques d’exception. Comme les collectionneurs de voitures ou de montres, certaines personnes n’hésitent pas à faire plusieurs centaines de kilomètres pour faire l’acquisition d’une arme spécifique », explique l’armurière. Si le prix de certains fusils ou carabines dépassent plusieurs dizaines de milliers d’euros, d’autres ne coûtent que quelques centaines.
L’armurerie James peut également réaliser la personnalisation d’une arme et l’adapter à son utilisateur. En 2009, Pauline s’est lancé « dans un truc assez dingue », à savoir la réalisation d’une trilogie d’armes spécifiquement adaptée aux femmes. « J’ai pensé l’arme en tant qu’objet et non en tant qu’utilité », explique-t-elle. Baptisées Cassiopée, Amazone et Calypso, en référence au ciel, à la terre et à l’eau, les trois armes sont composées de pierres précieuses, de perles de culture, d’argent massif… Certaines techniques utilisées, notamment lors de la forge du canon de Cassiopée, rendent ces armes uniques au monde. Conçues comme des œuvres d’art, elles sont pleinement utilisables puisqu’éprouvées en banc. Aujourd’hui, cette trilogie fait le bonheur d’un Luxembourgeois et Pauline la fierté de la ville d’Autun.

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