À la mi-mai 2023, après une première phase de travaux préliminaires, la place Saint-Louis a été rendue au stationnement pour la période estivale. Pour autant, l’activité autour du futur musée le Panoptique d’Autun ne s’est pas arrêtée et les entreprises sont restées à pied d’œuvre. Les travaux préliminaires conduits ont livré de nouvelles données archéologiques, géotechniques et sanitaires. Ces informations sont mises à profit par les architectes pour conforter ou modifier leurs plans, et permettre ainsi au chantier de se poursuivre de façon la plus rationnelle possible.
L’impact immédiat du patrimoine sur le projet
La fouille archéologique préventive exécutée par la société Archeodunum au rez-de-chaussée de l’hôtel Lacomme (voir ci-après), a confirmé la présence du rempart antique en sous-sol, mais en décalage de deux mètres par rapport à son emplacement présumé. Découverte qui vient perturber l’installation de l’ascenseur et de l’escalier reliant le rez-de-jardin jusqu’aux combles du musée. Le groupement d’architectes en charge du projet a dû revoir sa copie pour trouver un nouvel aménagement à cette circulation verticale : la présence de l’ascenseur sur toute la hauteur est maintenue, mais l’escalier ne descendra pas aussi bas que prévu. La liaison du rez-de-jardin avec l’hôtel Rolin reste inchangée en empruntant le parcours des collections permanentes.
Le point positif de cette découverte est la possibilité d’intégrer dans le cheminement des visiteurs cette portion du rempart particulièrement bien conservée. Ainsi, à l’image du musée du Louvre où une partie du rempart datant de Charles V est visible, à Autun, sur une vingtaine de mètres, le rempart du IIIe siècle sera intégré dans le parcours de circulation.
Des soubassements en béton
Trois sondages géotechniques ont été effectués autour de la prison sous la surveillance du service archéologique de la ville d’Autun (SAVA). Ces données collectées ont livré d’intéressants résultats. Ils ont permis de déterminer la profondeur des fondations de la prison, d’identifier l’égout qui en fait tout le tour (et pour lequel on avait peu de documentations) et de localiser des restes de remparts antiques.
Deuxième bonne surprise de ces avancées : les niveaux de fondation de la prison sont beaucoup plus profonds que ce qui était prévu. Les interventions en profondeur (en sous-œuvre, disent les spécialistes) pour stabiliser le bâtiment et les futures constructions seront donc plus limitées, ce qui réduira les coûts et les délais d’intervention.
Et les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là : la charpente probablement du XVIIIe siècle de l’hôtel Lacomme a fait l’objet d’un diagnostic sanitaire qui a révélé des traces anciennes d’insectes xylophages mais plus d’activité. Les restaurations ne nécessiteront qu’un traitement préventif, beaucoup moins complexe et coûteux qu’un traitement curatif.
Descente au cœur d’une fouille
À l’emplacement de l’ascenseur et de l’escalier qui desserviront les étages et la galerie souterraine du futur musée, une fouille atypique s’est déroulée entre mars et octobre, pilotée par la société Archeodunum.
Creuser pour étudier les murs et fouiller les vestiges sur 6 m de profondeur en intérieur n’est pas une opération anodine ! Pour ce faire, les archéologues ont dû travailler en étroite collaboration avec les services de la ville, le cabinet d’architectes Atelier Novembre et avec différentes entreprises pour sécuriser le bâtiment au fur et à mesure du creusement. Des bureaux d’étude et de contrôle ont veillé au quotidien à la stabilité du bâtiment tandis que, tous les mètres fouillés, une entreprise (entreprise Dufraigne) a mis en place de gros étais disposés verticalement entre les murs pour éviter leur déstabilisation.
2000 ans d’histoire dans 50m²
Le rempart de la ville haute (IIIe – IVe siècle) est le vestige le plus ancien mis au jour sur tout le tiers sud de la salle fouillée. Cette fortification a été construite lorsque la ville s’est rétractée à la fin de l’Antiquité. Plusieurs niveaux d’occupation attestent de la vie au pied du rempart du IIIe jusqu’au XIIe siècle. À l’époque carolingienne (VIIIe – IXe siècles), une tour a été construite contre le rempart comme semble en attester une portion de mur mise au jour. À partir du XIIe siècle, le rempart perd sa fonction défensive à la faveur d’un nouveau rempart construit une cinquantaine de mètres plus au nord. L’espace entre ces deux remparts est alors urbanisé comme le montre plusieurs murs correspondant probablement à des maisons du Moyen-Âge (XIIe – XIVe siècles). Au XVe siècle, le chancelier Rolin achète des parcelles bâties pour faire construire sa demeure. C’est certainement à cette occasion qu’est construit une latrine ou un puisard retrouvé lors de la fouille. Dans cette structure, de nombreux éléments de la vie quotidienne des XVe et XVIe siècles ont été mis au jour, tels que des mortiers pour broyer le grain, de la vaisselle ou encore un couteau. Hormis cela, il reste peu de choses de l’hôtel Rolin du XVe siècle dans l’espace de la fouille puisqu’au XVIIIe siècle d’importants travaux ont nécessité la destruction d’une majeure partie de cette aile de la demeure.
Affaire à suivre
Au terme de ces premiers mois de fouille, le bas de chaque mur de l’hôtel Rolin a été atteint. La fouille archéologique doit donc s’arrêter le temps qu’une solution soit trouvée pour reprendre en sous-œuvre les murs. Le redémarrage de la fouille est prévu en début d’année 2025. Une fois la cote de fond atteinte, toute la donnée recueillie et tout le mobilier seront analysés pour établir avec précision l’histoire de ce secteur de la ville.
Le chantier des collections
Pour permettre la mutation des lieux, les espaces doivent être entièrement vidés de leurs collections. Ainsi, toutes les œuvres inscrites à l’inventaire du musée ont fait l’objet d’un récolement avec photographies, constat d’état, dépoussiérage, et restauration si besoin. Puis elles ont été soigneusement emballées en prévision du déménagement. Cela a aussi été l’occasion de finir la sélection des objets qui rejoindront les vitrines du futur musée. Une tâche qui occupe entre quatre et six agents.
En parallèle, était mené un chantier d’aménagement de réserves externalisées, subventionné à 80% par l’État et la région Bourgogne Franche-Comté dans le cadre du Plan de Relance. Établies dans un ancien bâtiment industriel complètement réhabilité pour cet usage, ce seront les réserves permanentes du musée, même après l’ouverture du Panoptique. Opérationnelles depuis novembre, elles accueillent progressivement toutes les collections du musée qui y sont méthodiquement rangées et localisées. En dehors de leur rôle de stockage, les réserves sont un lieu de travail pour l’équipe du musée, les archéologues de la ville, les chercheurs, les restaurateurs. C’est également là que viendront travailler les socleurs, chargés de fabriquer tous les soclages sur mesure des objets du futur musée.
Enfin, une fois le nouveau musée réceptionné et la scénographie prête à les accueillir, l’ensemble des collections destiné à être présenté sera de nouveau déménagé pour venir prendre place dans les vitrines et sur les cimaises du Panoptique d’Autun.
Calendrier
- Fouilles dans l’aile médiane du musée Rolin
- Mars – septembre 2023 : Première campagne
- Janvier 25 : Reprise des interventions après un retour de la maitrise d’œuvre qui devra en déterminer les conditions techniques.
- Création du rez-de-jardin
- Décembre 2023 : recrutement de l’opérateur archéologique
- Janvier-février 2024 : recrutement de l’entreprise en charge des travaux de déblaiement
- Mars 2024 : après concertation entre les deux acteurs, début des travaux qui consisteront à creuser, évacuer la terre et renforcer structurellement le bâtiment pour éviter qu’il ne s’affaiblisse. Le toit terrasse sera également couvert.
- Début des travaux de construction du Panoptique
1er trimestre 2025 : nouvelle installation de chantier