Sur deux journées, les Autunois ont été invités à plusieurs événements publics et gratuits animés par Camel Guelloul afin de discuter des risques liés à la toxicomanie.
Conférence et ciné-débat autour du film The Beautiful Boy
Ce mardi 24 septembre d’abord, les adolescents, parents, habitants et professionnels ont été invités à participer à une conférence donnée par l’ancien toxicomane Camel Guelloul. C’est ainsi que quelques 300 personnes se sont rendues à l’Hexagone hier matin pour parler de ce sujet difficile, souvent tabou et pourtant si important.
Le soir, rendez-vous était donné au cinéma Arletty pour la projection du film The Beautiful Boy de Felix Van Groeningen, un long métrage retraçant l’histoire d’un père combattant l’addiction de son fils. Un débat a suivi la projection, où chacun a pu partager son point de vue, son expérience, ses craintes et poser ses questions sur le sujet de la consommation de drogues.
Des événements organisés par la Direction de la Cohésion Sociale et Urbaine de la Ville d’Autun qui ont suscité une vive émotion auprès de tous, et aussi auprès des jeunes qui se sont sentis très concernés par le sujet et se sont livrés avec beaucoup d’honnêteté.
C’est par le rappel des événements de cette journée du 24 septembre qu’a commencé le café-débat du lendemain qui a regroupé une quinzaine de parents autour de la table et Monique Gatier, adjointe au Maire d’Autun notamment chargée des Affaires Sociales.
Café-débat sur la toxicomanie
Ce matin, à l’Espace Jeunes du Prieuré Saint-Martin à Autun, les parents ont pu discuter un moment avec Camel Guelloul, tombé à l’adolescence dans l’enfer de la drogue et qui a réussi à s’en sortir après un long combat. Aujourd’hui, Camel Guelloul consacre sa vie à aider les autres en donnant aux jeunes les armes qu’il a pu utiliser lui-même pour vaincre son addiction. Il aborde les questions liées aux drogues avec simplicité, sans tabou. Camel parle de sa vie sans faire semblant, ce qui incite son public à faire de même.
Lorsqu’il prend la parole, le silence s’installe. L’assemblée est très attentive et admirative devant le parcours à la fois complexe et plein de résilience de cet homme inspirant qui a à cœur de présenter le sujet de la toxicomanie autrement qu’à travers des images choc qui ne parlent pas forcément au jeune public.
Au cours de l’échange surtout, Camel Guelloul pointe le fait que la consommation de stupéfiants est avant tout un symptôme, et toujours révélateur d’un mal-être plus profond. « Je ne connais pas de drogué heureux », appuie-t-il, « quand on discute avec les jeunes, on se rend compte que ça vient toujours de quelque chose, qu’il y a une origine ». Mais on n’ose pas toujours en parler, ou alors on ne sait pas vraiment comment le faire. C’est aussi là que Camel nous fait profiter de son expérience.
Comment faire pour aider quelqu’un qu’on aime à s’en sortir ?
Ces derniers mois, la Ville d’Autun est fortement préoccupée envers les adolescents. En effet, la période après-Covid a révélé le fait que de nombreuses familles mais aussi les jeunes ont souffert de cette crise. C’est la question du bien-être des adolescents et de leur évolution qui se pose pour savoir de quelle manière il est possible de les accompagner dans cette période transitoire parfois houleuse.
Tous sont d’accord pour dire qu’il faut prendre le problème à la racine et agir le plus tôt possible pour éviter la première prise de drogue, car en sortir est encore plus difficile. Souvent, tout ne tient qu’à une parole : un « comment vas-tu ? », « qu’est-ce qui t’arrive ? ». Les mots, le dialogue sont importants. En tant qu’adulte, nous avons un vrai rôle à jouer pendant cette période de l’adolescence. En étant à l’écoute, avec bienveillance et sans jugement, en apprenant aux enfants dès leur plus jeune âge à pouvoir parler de tout.
Camel distille également quelques chiffres très parlants sur les drogues, qui n’ont plus rien à voir avec ce que l’on pouvait consommer dans les années hippies. À l’époque, dans le cannabis, le taux de THC (comme les degrés pour l’alcool) était évalué en moyenne à 4%. De nos jours, on trouve des produits à minimum 20% de taux de THC. En conséquence, quand auparavant la dépendance à ces substances s’installait en plusieurs semaines, voire plusieurs mois, elle s’installe aujourd’hui en à peine quelques jours. Deux prises peuvent suffire à développer une addiction.
Aussi, lorsqu’un toxicomane pousse la porte d’un centre spécialisé pour se faire sevrer, les délais de prise en charge sont parfois très longs, car très peu de places disponibles en rapport au nombre d’habitants et de potentielles personnes concernées.
Ce qu’il faut retenir…
- Ne pas hésiter à demander leur avis aux jeunes sur ce sujet en adoptant une écoute bienveillante et sans jugement
- Le premier rendez-vous pour s’en sortir est essentiel et détermine beaucoup la suite du combat
- Ne pas rester seul face à ce qui nous préoccupe : de nombreuses ressources existent à Autun, pour les parents et les ados
- Cesser de se culpabiliser : les parents ne sont pas responsables de tout
- Dialogue, non-jugement et expression des émotions sont les nerfs de la guerre pour tous les sujets liés à l’addiction
Ces discussions autour de la toxicomanie ont amené divers débats sur de multiples sujets liés à l’adolescence et à la parentalité : environnement intrafamilial, séparation des parents, communication, internet, pornographie… Ces quelques jours ont été riches de partage et d’enseignements pour tous !