Autun lance une campagne de financement participatif avec le soutien de la Fondation du Patrimoine pour la restauration de la Vierge Bulliot
A l’instar de l’opération conduite en avril 2016 pour la restauration du linteau de la Tentation d’Eve, le musée Rolin d’Autun lance une campagne de financement participatif ouverte aux particuliers comme aux entreprises qui souhaitent soutenir la restauration de l’un des chefs-d’œuvre du musée : la Vierge à l’enfant attribuéeà Claus de Werve, dite «Vierge Bulliot» ou «Vierge d’Autun». Ce chantier est engagé au centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), en lien avec le musée du Louvre.
Comment contribuer ?
La campagne de financement participatif est organisée via la plateforme de la Fondation du Patrimoine, partenaire des collectivités, associations et particuliers, pour préserver le patrimoine partout en France.
Pour contribuer, rendez-vous sur le site de la Fondation du Patrimoine ou à l’aide du bulletin de souscription disponible sur cette page.
Reconnue d’utilité publique, la Fondation du patrimoine offre une garantie de sécurité et une transparence financière. Chaque projet fait l’objet d’une instruction approfondie et d’un suivi rigoureux. Les dons ne sont reversés qu’à la fin des travaux, sur présentation des factures acquittées.
Début de la campagne
lundi 12 juin 2023
Un chef d’œuvre des collections du Panoptique d’Autun – Musée Rolin
Cette sculpture en calcaire polychrome du deuxième quart du XVe siècle a été commandée par Nicolas Rolin, chancelier de Philippe le Bon, pour orner l’une des chapelles de son église de baptême, Notre-Dame-du-Châtel, située sur la place Saint-Louis d’Autun et aujourd’hui complètement disparue. Elle voisinait avec l’œuvre de Jan Van Eyck La vierge au chancelier Rolin, aujourd’hui au musée du Louvre. Lors de la destruction de l’édifice en 1793, la statue fut mise à l’abri, puis cédée à Jacques-Gabriel Bulliot dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle entra dans les collections de la Société éduenne en 1918 et fut donnée à la Ville d’Autun en 1954 pour intégrer les collections du musée.
Cette sculpture, cassée en plusieurs morceaux, a été recollée et repeinte à plusieurs reprises au cours des derniers siècles. La restauration a pour objectif de retrouver la polychromie et les riches motifs qui ornaient la statue à l’origine. Elle permettra également d’améliorer d’anciennes restaurations au niveau du manteau ou de la terrasse de la sculpture, où des collages et comblements masquent parfois la sculpture d’origine.
Le projet muséographique du futur musée offre l’occasion de reprendre l’étude et la restauration de cette œuvre majeure de l’art au temps des ducs de Bourgogne. En attendant la réouverture du musée, sa présentation est pressentie au musée du Louvre durant l’année 2024, dans le cadre d’une convention de partenariat Louvre-Autun.
Pour en savoir plus
La vierge Bulliot, objet de dévotion … et d’accidents
L’histoire de cette sculpture, haute de 117 cm et pesant 110 kg, a connu bien des aléas. Repeinte à deux reprises depuis sa création, elle porte de nombreuses traces de dévotion et sa surface a été assombrie par la cire, la fumée et la poussière. Elle a été anciennement cassée en deux et très abîmée, probablement lors de la destruction de l’église à la Révolution. Son remontage date sans doute de la première moitié du XIXe s., avant qu’elle ne rejoigne les collections de la Société éduenne. Tous ces aléas lui confèrent aujourd’hui un aspect hétérogène et parfois assez différent de l’aspect original : recollage, comblements plus ou moins fidèles de parties manquantes, fragments retaillés, repeints anciens et retouches plus récentes de polychromie… Depuis 1990, les restaurations visent progressivement à retrouver l’aspect initial de la sculpture et notamment sa polychromie.
Des restaurations progressives
La Vierge d’Autun a fait l’objet de plusieurs campagnes d’études et de restaurations.
- En 1996, le restaurateur Jean Délivré a ôté le repeint bleu de la couverture de l’enfant, laissant apparaître la polychromie originale (rouge avec des décors floraux dorés). Il suggère alors que plusieurs surpeints pourraient encore être dégagées.
- En 2004, l’intérieur de la cape de la Vierge a été, permettant d’observer la grande complicité entre sculpture et peinture : chaque bande de fourrure d’hermine est sculptée en léger relief et la finesse du pinceau restitue l’aspect soyeux des poils de l’animal.
- En 2020, l’état de la sculpture semblait de nouveau préoccupant : un soulèvement important sur la terrasse, laissant présager la présence sous-jacente d’un élément métallique corrodé, motivait une intervention à court terme. Les couches picturales originales ont souffert et sont en partie lacunaires, de façon inégale mais la richesse de la polychromie est tout à fait perceptible. Les carnations de la Vierge (visage, mains) et de l’Enfant, les voiles et coiffes des deux figures, la chevelure de la Vierge présentent un aspect noirâtre encrassé. La couche originale est en partie couverte de deux repeints, le second assez éloigné dans sa teinte.
- D’octobre 2020 à avril 2021, une étude plus poussée a été menée au Centre de recherche et de restauration des musées de France. En réalisant de nouvelles images et en reprenant les archives du dossier, les restaurateurs et conservateurs ont évalué l’état de conservation de la sculpture et étudié de près les traces de sa fabrication et sa polychromie. Une première phase de restauration « légère » a permis de retirer un tenon corrodé au niveau du socle de la statue, cause d’un début de fracture. Heureusement, il s’agissait d’une partie déjà restaurée, au plâtre, et le retrait du tenon a permis de retrouver le dessin du bas de la robe de la Vierge, qui avait été masqué.
Nouvelles avancées sur la polychromie
Au cours de cette phase plus fondamentale, la polychromie a été observée de près. La sculpture a été repeinte deux fois après sa réalisation, ce qui signifie qu’il y a actuellement trois couches de couleur superposées :
- La couche originale, qui date de sa création vers 1430-1440
- Un premier repeint
- Un deuxième repeint
Ces deux repeints ne peuvent malheureusement être datés. Le deuxième repeint, qui est celui que nous voyons aujourd’hui sur l’essentiel de la sculpture, est assez différent de la couleur originale et très encrassé. La question se pose aujourd’hui d’éliminer ces repeints, pour retrouver la couleur d’origine de la statue.
La couverture de l’enfant a déjà été dégagée et a retrouvé son rouge flamboyant rehaussé de motifs dorés. D’autres parties doivent bénéficier de la même cure de jouvence : Les carnations des visages et des mains, la dorure couvrant le manteau, la robe aux délicats motifs en relief et rehaussée elle aussi de motifs floraux et dorés.
Des « fenêtres de restauration », c’est-à-dire de petites zones de test, ont été réalisées pour évaluer s’il est possible de revenir à un aspect plus satisfaisant. Elles ont notamment permis de retrouver le motif appliqué en relief sur la robe, qui représentait un aigle aux ailes déployées. Les tests de nettoyage sont suffisamment encourageants pour envisager de poursuivre cette restauration lors d’une deuxième campagne.
Pilotage
La restauration est menée en partenariat avec le C2RMF (centre de recherche et de restauration des musées de France), sous la conduite d’Alexandra Gérard, conservatrice en chef du patrimoine, responsable de la filière sculpture.
Restaurateur : Dominique Faunière
Conseil scientifique : Sophie Jugie (musée du Louvre), Damien Berne (musée de Cluny, Paris), Agathe Legros et Axelle Goupy (musée Rolin, Autun)
Calendrier
- Etude préliminaire : octobre – décembre 2020
- Réalisation d’un dossier d’imagerie complet
- Synthèse de la documentation
- Constat d’état complet avec relevé des altérations
- Étude de la polychromie
- Tests de restauration
- Proposition de cahier des charges de restauration
Restauration tranche 1 : janvier – avril 2021
Retrait du goujon rouillé et réparation de la terrasse. Dégagement du bas de la robe, masqué par la précédente restauration.
Nouvelles fenêtres de test sur :
- Un motif en relief (dit « motif de brocard appliqué) à figure d’aigles
- La dorure du manteau
- La bordure du manteau à motifs peints de fleurettes
- Les carnations du visage et des mains de la Vierge et de l’Enfant
Restauration tranche 2 : 2023
- Dégagement de la polychromie d’origine sur :
- Le manteau doré
- Les pièces de vêtement et particulièrement les bordures à motifs
- Le motif de brocards appliqués sur la robe (motif en relief d’aigles aux ailes déployées)
- Les carnations de la Vierge et de l’Enfant